Née du béton
Un temps nommée lumière
La belle s’est obscurcie
A la fin de notre ère
Bienvenus à Paris!
Des trottoirs jusqu’au ciel
Les silhouettes, monuments
Les quais de gare, tout pareil
A la mine des passants
Tout y es grisonnant
Et les échafaudages
Et les marteaux piqueurs
Encombrant le paysage
Obstruant toute lueur
Et les tons monocordes
Estimés de bon ton
Pour ne pas faire désordre
Si nous nous adressions
A des (frères) inconnus
Et les gens de la rue
Qui grossissent en nombre
Passent inaperçus
Camouflés comme des ombres
Tandis que d’autres avancent
Dans des scaphandriers
Fuyant comme une nuisance
La moindre lucidité
Tous dignes de pitié!
Chaque UN ne se suffit plus
Il faut être suivi
Par autant d’inconnus
Guidés par leur ennui
Et le prix du bonheur
Qui s’adapte à chaque bourse:
“Plutôt “happy hour”
Ou bien médecine douce?”
Si tout est tarifé
Plus rien n’est authentique
Les rapports sont codés
Les valeurs entraînées
L’expérience chaotique
Les enfants sont traités
A coups d’anxiolytique
Que fait ta damnée politique?
Non!
Les majeurs vaccinés
Ne seront d’aucun secours
A l’obsolescence programmée
De la civilisation en cours
On vous a joué un mauvais tour!
Décadent, dissonant, bétonné, dégradé
C’est le tableau grouillant dans lequel je suis née
Il fascine le monde mais il n’y a rien à voir
Que grisaille et misère et désordre et déboires
Fausse cage d’argent où tu t’es retiré
Et coupé de la vie, de tout temps ton alliée
Quelle folie t’a poussé contre ta raison d’être?
Te serais-tu perdu dans la rage du paraître?
L’eau, l’air, les aliments, tout est empoisonné
Faute d’avoir cultivé la notion de respect
Tu ne me reconnais pas, je suis ta petite sœur
Fragile et ordinaire, je suis une simple fleur
Sortie d’une fissure, mimant un poing levé
J’exhibe comme une injure, au milieu de ta cité, mon semblant coloré
Moi végétal parfumé, toi animal conscient
Nous, frères unis par la vie, par nature, interdépendants
Bientôt je serai fanée ou piétinée, qu’importe
De mon identité, je serai restée forte
Et je suis bienheureuse d’être enfin délivrée
Du spectacle navrant d’une race dégénérée
Tu dors et tes yeux morts ne s’éveilleront peut-être
Que bien trop tard, hélas, quand sonneront les trompettes!