Réflexions libres

Le Temps ne “passe pas”, il est immobile

« Le temps lui-même en l'entier de son déploiement ne se meut pas et est immobile et en paix ».

La question de savoir si une analyse critique du langage peut clarifier notre compréhension du temps est pertinente, mais il semble que les mots ne puissent pas saisir directement le temps et ne font que le voiler. Le langage courant confond souvent le temps avec d’autres concepts tels que le mouvement, la durée, la simultanéité, le changement, la répétition ou même l’éternité, ce qui peut conduire à une déformation de sa signification.

Lorsque nous disons que « le temps passe », nous pouvons commettre une erreur de langage en faisant glisser le sens du temps comme quelque chose qui passe en lui-même. Bien que le temps soit ce qui permet à toutes choses de passer, cela ne signifie pas que le temps lui-même passe. En effet, le temps est présent en permanence, ce qui permet aux choses de passer. Ainsi, plutôt que de dire que le temps passe, nous pourrions plutôt dire que c’est la réalité elle-même qui passe, avec la présence constante du temps qui permet cette succession.

En affirmant que « le temps passe », nous attribuons implicitement au temps un statut ontologique indépendant des choses et des processus. Cependant, cette affirmation est trompeuse, car elle suppose que le temps existe en soi, ce qui peut être remis en question. La question de la réalité et de l’autonomie du temps a-t-elle été suffisamment débattue ? Il est possible que les mots, parfois, tranchent abusivement.

« Le temps passe » ! « Les temps changent » ! On entend dire cela partout, et une image nous vient involontairement à l’esprit : nous voyons défiler devant nous des temps changeants !

On s’habitue à cette image, qui constitue pour beaucoup une base solide sur laquelle ils continuent à construire et à partir de laquelle ils orientent toutes leurs recherches et leurs cogitations. Mais ils ne tardent pas à se heurter à des obstacles qui sont en contradiction les uns avec les autres. Même s’ils font preuve de la meilleure volonté du monde, bien des choses ne concordent plus. Ils s’y perdent et laissent subsister des lacunes qu’ils ne parviennent plus à combler malgré  leurs efforts intellectuels.

Beaucoup s’imaginent alors qu’en de tels cas c’est la foi qui doit servir de substitut lorsque la pensée logique ne trouve pas de prise. Mais cela nous semble incorrect ! L’être humain ne devrait pas croire en des choses qu’il ne peut concevoir ! Ne devrait-il pas s’efforcer de les comprendre, sans quoi il ouvrirait toute grande la porte aux erreurs, et les erreurs déprécient toujours la vérité.

Croire sans comprendre n’est qu’indolence et paresse de la pensée. Cela n’élève pas l’esprit, mais le tire vers le bas. En conséquence, portons notre regard vers le haut ; il convient de tout examiner et d’aller au fond des choses. Ce n’est pas en vain que nous en ressentons le besoin.

Le temps passe-t-il vraiment ? Pourquoi bute-t-on sur des obstacles dès que l’on veut approfondir ce principe ? Tout simplement parce que l’idée est fausse à la base, car le temps est immobile ! C’est nous qui courons à sa rencontre. Nous nous précipitons dans le temps, qui est éternel, et nous y cherchons la vérité.

Dans l’écoulement temporel, il existe un principe actif qui demeure et ne change pas, permettant au présent de se succéder à lui-même. Ainsi, bien que le temps soit associé à l’instabilité et à la fuite, sa nature est en réalité immobile. Heidegger l’a exprimé ainsi :

Le temps lui-même en l’entier de son déploiement ne se meut pas et est immobile et en paix.

En effet, le temps est immobile. Il reste le même, aujourd’hui comme hier, et il sera le même dans mille ans ! Seules les formes changent. Nous plongeons dans le temps pour puiser en son sein ce qu’il a enregistré et pour enrichir notre connaissance grâce à tout ce qu’il a accumulé. Car rien ne lui a échappé, il a tout conservé. Il n’a pas changé parce qu’il est éternel.

Toi aussi, cher être-humain, tu es toujours le même, que tu paraisses jeune ou vieux ! Tu restes celui que tu es. Ne l’as-tu pas toi-même déjà ressenti ? Ne remarques-tu pas une nette différence entre la forme qui est la tienne et ton « moi », entre ton corps, qui est soumis à des transformations, et toi, c’est-à-dire ton esprit qui est éternel ?

La notion de l’immobilité du temps peut sembler paradoxale, mais elle est perceptible lorsque l’on examine le statut du présent. En effet, bien que le présent soit toujours en train de disparaître, il est à la fois éternel et instantané. Nous pouvons dire que le présent passe, car il n’est jamais strictement le même, mais nous pouvons également dire qu’il ne passe pas, car nous ne quittons un instant présent que pour en retrouver un autre.

Sourate 103 – AL ASR (Le Temps)

1 – Par le Temps !
2 – L’homme est certes, en perdition
3 – Sauf ceux qui exercent “l’IMAN” et accomplissent les bonnes œuvres, s’enjoignent mutuellement la vérité et s’enjoignent mutuellement l’endurance.

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